Histoires pour enfants

Les Secrets de la Base Souterraine

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Au cœur d'une base secrète abandonnée, Gabin, un jeune détective persévérant mais souvent sous-estimé, s'allie à un chat futé et à l’ambigu Résolveur d’énigmes pour percer les mystères d'un ancien manoir souterrain. Mais derrière chaque porte verrouillée et chaque puzzle se cache l’ombre d’un chef rebelle, prêt à tout pour garder enfouis des secrets qui pourraient changer le destin de tous. Entre codes, trahisons et révélations fracassantes, l’aventure s’annonce jalonnée d’énigmes et de suspense.
Les Secrets de la Base Souterraine

Chapitre 4 : Révélations et Derniers Masques

Chapitre 4 : Les Jeux de l’Ombre

À peine la lourde porte de la verrière s’était-elle refermée dans leur dos que l’alarme retentit. Une sirène aiguë fendit le silence souterrain, jetant Gabin, Sphinx et le Résolveur dans la pénombre vacillante des câbles et des soupapes. Anthracite et gris, les couloirs glissaient devant eux comme des veines technologiques – et quelque chose de sourd résonnait dans le sol, une vibration pleine de promesses et de menaces mêlées.

— Cours ! lança Gabin, la voix déformée par l’écho.

Le Résolveur hésita, l’ombre d’un conflit passant sur ses traits dissimulés. Mais Sphinx, profitant de son agilité féline, fila le premier, guidant ses amis d’un miaulement sec avant de s’engouffrer dans une bouche d’extraction métallique. Le trio s’élança, zigzaguant entre réseaux de tuyaux et ponts suspendus, poursuivis par le martèlement inexorable de bottes plus lourdes, tout proche : les hommes du Chef rebelle.

À chaque détour, des pièges anciens se réactivaient – jets de vapeur brûlants, plaques mouvantes, faux culs-de-sac débouchant sur des rails indéfinis. Gabin parvint pourtant à garder son sang-froid, drapé dans une résolution nouvelle qui impressionna même le Résolveur. Il notait, presque machinalement, les indices : une poignée usée trahissait le passage fréquent ; un fil de cuivre tressé indiquait les récents bricolages... Jusqu’à ce que, dans l’étroitesse d’un carrefour, ils s’arrêtent, essoufflés et haletants.

Le Résolveur s’appuya contre la paroi, ses doigts crispés sur la base de son masque. Sphinx lui lança un regard incisif, avant de frotter son museau contre un conduit dissimulé.

— On ne va pas tous sortir. J’le sens, murmura le Résolveur.

Gabin, les yeux plantés dans ceux du Résolveur, devina un frémissement presque imperceptible chez son allié – une peur, ou une lassitude née d’années à trancher entre codes et culpabilité.

— Tu n’es pas obligé de trahir qui tu as été. Ni de trahir qui tu veux devenir. Mais sans toi, impossible de traverser ces conduits. Tu sais ce qu’ils cachent, toi, souffla Gabin.

Le Résolveur hésita, puis détourna la tête :

— Tu ne sais pas ce que le Chef t’oblige à ignorer, Gabin. Moi, je l’ai suivi par idéal au début… avant de comprendre que certains secrets valent parfois moins que leur destruction.

Sphinx, l’air férocement désabusé, bondit sur une grille et gratta la tôle. Un déclic sourd libéra un passage dérobé vers la salle de contrôle – étroite, basse, saturée de feux clignotants.

Ils s’y engouffrèrent, et la grille claqua derrière eux. Devant, dressé comme une statue de commandement en ruine, le Chef rebelle fixait un écran géant, croisant ses bras comme pour se protéger de ses propres souvenirs.

— Vous auriez dû fuir. Cet endroit ne mérite pas d’être découvert, dit-il sans se retourner. Certains crimes ne peuvent être lavés que par l’oubli.

Gabin sentit l’énergie du défi couler dans ses veines ; il s’avança, forçant sa voix à rester neutre :

— Mais vous ne les avez pas oubliés. Personne n’est sorti indemne d’ici. Vous, pas plus que le Résolveur, pas plus que nous.

Un silence glacé. Puis le Chef pointa du doigt un pupitre central.

— Alors, prouve-le. Si tu veux la vérité, tu vas devoir la mériter. Ceci est la salle de la dernière épreuve. Sphinx hurla, flairant aussitôt le piège mécanique qui couvait sous la mousse des câbles.

Une voix mécanique jaillit, sinistre :

— Énigme une : Je suis la fin de toutes les histoires, mais le début de la connaissance. Je peux emprisonner des vies ou en libérer, selon celui qui tient la clé. Qui suis-je ?

Aussitôt, un nuage vaporeux s’échappa d’un conduit mural, recouvrant les pieds du trio.

Gabin, sous la pression, replia instinctivement ses souvenirs. La fin de l’histoire, le début de la connaissance… Il griffonna sur son carnet, cherchant des liens. Sphinx accrocha la poche du garçon de sa patte, où la vieille clé noire ballottait. Un déclic.

— Le secret, chuchota Gabin. C’est le secret, la réponse !

La voix cliqueta :

— Réponse correcte.

Une lumière s’alluma, un rai tiède chassant la vapeur.

— Mais ce n’est qu’un début, ricana le Chef. Quelle ironie que tout finisse où rien n’aurait dû commencer…

— Énigme deux : Je grandis quand on me partage, mais si on me vole, je me flétris. On me maudit autant qu’on me bénit. Qui suis-je ?

Le Résolveur blêmit, hésitant :

— La confiance… Il faut que tu dises la confiance, Gabin.

Un instant, Gabin fixa son camarade d’un œil perçant :

— Même toi, tu dois choisir de la donner, ou de la trahir maintenant.

Il pressa le bouton : « Confiance ! »

Une explosion de lumière, puis la chute brutale d’une trappe sur le côté – le Chef recula, déstabilisé. Sphinx, vigilant, s’aplatit au sol, tirant Gabin hors du rayon de gaz.

De la pièce adjacente jaillirent alors des pans entiers d’archives : des photos froissées, des schémas de machines, des lettres d’anciens chercheurs… et en premier plan, un dossier classé top secret. Gabin, rattrapant son souffle, plongea dessus.

À l’intérieur : le protocole originel de la base. Des notes de plusieurs mains, mais un passage surligné, daté d’il y a quinze ans, attira son attention :

« Objectif : empêcher la dissémination d’une découverte dangereuse pour le monde entier. Toute compromission entraînera l’effacement du site. Décision prise par le commandant L. Regnault. »

Le Résolveur, interloqué, lut par-dessus l’épaule de Gabin.

— Le Chef vous cachait que ce qu’il voulait détruire ici, c’était votre propre secret. Pas la base… mais ses crimes passés !

Sphinx, d’un bond, dressa la tête près du clavier du monolithe. Le chat tapota de la patte le pavé tactile, activant la caméra du terminal : le système de communication globale. Un écran bleu clignota : « Prêt à diffuser. »

Le Chef, crispé, dégaina un pistolet paralysant :

— Vous n’oserez pas. Si ce dossier sort, plus rien ne me protégera de ceux qui veulent ma peau. Mieux vaut effacer toute trace !

Mais Gabin s’interposa :

— Ce n’est pas l’oubli qui protège de la honte. C’est la vérité. Même douloureuse, elle donne aux fautes une chance d’être réparées.

Le Chef hésita, l’arme tremblante. Le Résolveur, le souffle court, prit la main de Gabin :

— Tu es sûr ? Ce que tu montres… va bouleverser des familles, faire éclater la colère, peut-être causer plus de dégâts encore…

— On ne peut construire que sur du vrai, murmura Gabin. Si tu veux tourner la page toi aussi, c’est le seul chemin honnête. Tu es avec moi, Résolveur ?

Un silence, moite, conclusion de ces jours d’ambiguïté. Puis le Résolveur acquiesça au terme d’une lutte intérieure visible.

— Je préfère être du côté du courage, désormais.

Sphinx, tel un chef d’orchestre discret, appuya de sa patte sur la touche ENVOI.

Le Chef se laissa tomber à genoux, abattu, la main suspendue entre lâcher prise et résignation ultime. Sur tous les écrans du réseau, le vrai visage de la base défila : protocoles d’expériences ratées, visages des innocents impliqués malgré eux, actes de sabotage et de mensonges.

Dans la salle de contrôle, la lumière retomba. Le décompte s’arrêta définitivement. Même l’ombre du Chef semblait moins menaçante, presque humaine – triste, mais délestée.

Gabin, la voix rauque, fit une ultime déclaration :

— La vérité a une énergie propre. Elle finit toujours par s’imposer.

Le Résolveur, ému, découvrit un sourire fragile sous son masque. Sphinx, triomphant, fit le tour des consoles, miaulant comme pour annoncer la fin de la nuit. Mais dans le silence retrouvé, un nouveau mystère s’éveillait, invisible au commun des mortels : car nul ne savait quelles ondes la vérité, unie à la justice, pourraient encore répandre dans les profondeurs de la base…



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