Histoires pour enfants

Noa et la Cloche des Étoiles Endormies

Histoires pour enfants

Aux docks bourdonnants des vaisseaux stellaires, Noa, un jeune cartographe timide mais ingénieux rêvant d’aventures, découvre que la légendaire Cloche des Étoiles – capable de réveiller un village plongé dans le sommeil – a disparu. Avec l’aide d’un marin téméraire et d’une alchimiste excentrique, Noa s’engage dans une expédition semée de ruses et d’énigmes à travers la galaxie, contrée par un mystérieux Cochon aux intentions troubles. Pour réussir, il leur faudra plus que du courage : l’imagination seule ouvrira la voie vers le réveil de ceux qui dorment… et d’eux-mêmes.
Noa et la Cloche des Étoiles Endormies

Chapitre 1 : La Carte Éclatée et l’Appel du Mystère

Sur la planète Astralis, nichée au creux d’une nébuleuse iridescente, le Dock des vaisseaux stellaires était le théâtre de départs flamboyants, d’arrivées mystérieuses et d’aventures gravées dans le métal et la mémoire de ses habitants. On disait parfois que le Dock ne dormait jamais – ce qui, dans le village flottant de Luminis, dépendait d’une magie bien particulière : la Cloche des Étoiles Endormies, suspendue depuis des générations au sommet d’un mât fendu, à la proue du port spatial. Son carillon doux guidait les rêves et protégeait les songes de tous, surtout lorsque la nuit cosmique menaçait d’engloutir la station.

Mais ce matin-là, à peine l’aube artificielle s’était-elle faufilée entre les containers multicolores que le chaos éclata. Des marques de sabot bousculaient la poussière d’étoile devant la Cloche : elle avait disparu. Et, avec elle, l’assurance que la lumière et l’éveil reviendraient demain.

Blotti derrière un vieux conteneur au logo effacé, Noa réprima un soupir. Petit cartographe du port, Noa n’avait pas encore beaucoup voyagé, mais son imagination, elle, filait à toute allure. Il passait ses heures libres à croquer des pistes impossibles, des passerelles entre planètes et des labyrinthes lunaires, dessinant plus de mondes qu’il n’en aurait jamais foulés. Mais voilà : jamais il n’osait montrer ses cartes à quelqu’un. Il craignait les sourires moqueurs et ne trouvait le courage que dans le silence, ou dans la compagnie rassurante de Jolly, le chat de l’épicier.

Ce matin, il s’était résolu à dessiner une carte des rêves perdus quand la rumeur fracassa sa bulle :
— LA CLOCHE A DISPARU ! hurla le capitaine de la barge Odysséenne, sa moustache frissonnant de peur.
— On va dormir pour toujours, ou pire, rester coincés dans des cauchemars, s’écria un mécanicien à lunettes étoilées.
Noa sentit son cœur bondir. Dévoiler ses talents ou rester caché ?

Plongé dans ses hésitations, il ne vit pas arriver Nara, le jeune marin, aussi effronté qu’un comète filante. Nara connaissait le Dock comme sa poche : il sautait voleté d’un quai à l’autre sans peur du vide, dissimulait dans sa cape à carreaux cent gadgets marins et racontait à qui voulait l’entendre qu’il avait déjà défié des pieuvres solaires.
— On a besoin de tes cartes, Noa, fit Nara, le regard brillant d’excitation. Si quelqu’un peut retrouver la trace de la Cloche, c’est toi !
Noa balbutia, triturant son carnet cartonné :
— Mais… je n’ai jamais vraiment… Toutes mes cartes sont… inventées…
Nara éclata d’un rire qui pétilla comme une pluie de météorites :
— Justement ! Ce qui manque ici, c’est un brin d’imagination. Tu viens ? Ou tu préfères res-ter là à trembler de froid – ou de peur ?
Noa jeta un œil à ses croquis : éclats d’audace, allées secrètes, pistes réelles ou rêvées. Et pourquoi pas, après tout ?

Avant qu’il ne puisse répondre, une touffe de cheveux indomptables surgit entre deux caisses de pièces détachées. Mya, la jeune alchimiste de la station, portait une chemise couverte de taches colorées et un regard concentré de scientifique possédée… la minute d’après, elle s’enthousiasmait déjà :
— J’ai entendu parler de traces magiques et de rumeurs qui laissent des miettes de lumière dans l’air ! Si quelqu’un a subtilisé la Cloche, il aura laissé des signaux. Je peux fabriquer un sérum révélateur, mais j’aurai besoin d’histoires, de souvenirs et peut-être aussi d’imagination. Vous venez ?
Noa, hésitant, sentit une chaleur inédite lui donner des ailes. Personne ne riait de ses mondes inventés… au contraire, ils en auraient besoin !

La rumeur sur le voleur s’étendait tel un nuage d’encre. Un Cochon, disait-on, rôdait dans le Dock, chapardant les merveilles et collectionnant les objets volés depuis un siècle. Il glissait dans des couloirs cachés que même les anciens croyaient disparus, et personne ne connaissait la carte de ses passages. Sauf, peut-être, à rassembler tous les fragments des antiques cartes stellaires, depuis longtemps déchirées ou étalées entre différents vaisseaux et entrepôts.

Le trio s’installa derrière une barque désossée, un magnum d’encres phosphorescentes à portée de main. Nara, toujours prompt à exagérer, énonça solennellement :
— Notre mission : retrouver la Cloche, sauver Luminis et… récolter quelques histoires à raconter plus tard !
Mya sortie alors un flacon turquoise :
— Je peux fabriquer un élixir pour dévoiler la piste du Cochon, mais il me faudra un ingrédient rare…
Noa, les yeux grands ouverts, interrogea du regard.
— Des histoires, répondit-elle. Celles qui font briller les lanternes du port. Sans lumière, la piste restera invisible.

Car au Dock, la nuit, d’étranges lanternes flottaient au-dessus des quais. Chacune abritait de minuscules lucioles mécaniques, nostalgiques de récits inédits. Leur mission : ne s’illuminer que si, chaque soir, elles entendaient une nouvelle histoire.

— Facile, s’exclama Nara. Il suffit que Noa leur lise ses cartes !
Les yeux de Noa dansèrent entre peur et fierté. D’une main tremblante, il déroula une carte imaginaire et improvisa :

— Voici l’Archipel du Sommeil Léger, où les rêves se cachent sous des ponts d’argent et où les rivières sont des ruisseaux de rires. Parfois, un Cochon fantaisiste efface les frontières, mais si l’on suit les constellations du Courage, on retrouve toujours le chemin d’or vers la lumière…

Il n’eut pas le temps de finir que la première lanterne s’illumina, crépitant d’une joie vive. Les autres lucioles, excitées, se mirent à cligner en rythme, et bientôt, tout le quai fut inondé d’une lueur chaude et fantastique. Une ligne d’éclats lumineux relia soudain les lanternes, dessinant dans l’air un itinéraire, mystérieux mais incontestable. Il menait vers la bordure du Mégafréteur d’Orion, là où même les robots de nettoyage n’osaient plus aller depuis les dernières tempêtes électriques.

Dans la lumière, Mya capta une brume dorée, la recueillit dans son flacon et s’écria :
— Voilà ! L’itinéraire du Cochon commence sur la coque du Mégafréteur !
Nara tapota la carte complétée, un sourire malicieux aux lèvres :
— Je connaissais ce passage secret, mais je n’aurais jamais deviné qu’il pouvait mener aux trésors des rêves… ou à des ennuis.
Noa sentit une confiance nouvelle poindre dans son cœur. Il venait, sans le vouloir, d’être le maillon essentiel de l’enquête. Toute sa vie, il avait oscillé entre prudence et désir d’aventure : ce matin-là, le destin était là, main tendue.

Un cargo chamarré, à l’allure chaotique mais au tableau de bord brillant de mille manettes, attendait au bout d’un ponton. Le capitaine, un automate à ressort avec un accent traînant, leur fit signe :
— Si c’est l’aventure qui vous tente, le Cargo Perdu a besoin de nouveaux explorateurs. Mais gare aux illusions, et gardez bien vos rêves à portée de main !

Noa rangea sa carte. Il lança un dernier regard à la lune suspendue au-dessus des spatiodocks, puis suivit Mya et Nara, embarquant dans l’inconnu avec des outils saugrenus, une fiole de brume dorée, et une quantité inépuisable d’histoires prêtes à éclore.

C’est ainsi que débuta leur épopée, guidée par les lanternes du port – une expédition pour réinventer le courage, où l’imagination serait leur guide et la lumière la meilleure boussole.



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