Histoires pour enfants

Noah et l’Ombre des Astéroïdes

Histoires pour enfants

Noah, jeune astronaute rêveur mais ingénieux, se retrouve isolé sur la Planète des Ombres après une mission qui tourne mal. Pour échapper au Berger des nuages, maître inquiétant des brumes astrales, Noah doit traverser un dangereux champ d’astéroïdes mouvants avec l’aide d’une mystérieuse Ombre vivante et d’un extraterrestre farceur. Mais les ombres cachent parfois bien plus que de simples secrets, et la bravoure demandera à Noah de réinventer les règles de l’aventure spatiale.
Noah et l’Ombre des Astéroïdes

Chapitre 3 : Le Champ d’Astéroïdes Vivants

Chapitre 3 : Le Labyrinthe des Astéroïdes-Mémoire

La navette de Xiluk s’élança loin de la Caravane Brumeuse, ses propulseurs chuintant doucement dans l’épaisse atmosphère bleutée. L’habitacle bourdonnait sous la vibration du moteur antigravité, tandis que les cristaux du tableau de bord diffusaient ça et là une lumière changeante, sorte de modulateur d’humeur pour voyageurs interstellaires anxieux. Noah, sanglé sur le siège du copilote, observait les parois de verre qui offraient une vue imprenable sur l’avant : devant eux, s’étendait le champ d’astéroïdes, frontière vivante et tumultueuse que nul calcul, nul GPS n’osaient prétendre dompter.

Xiluk pianotait, les quatre bras affairés, sur autant de manettes qu’il pouvait en attraper, fredonnant une sorte d’hymne cosmique aussi étrange que rassurant :

— « Faites des zigs et des zags, que le hasard soit un allié ! Si un rocher sourit, c’est sûrement le signe qu’il faut saluer… »

L’Ombre, pour sa part, s’était faufilée sur la cloison à la façon d’une fresque vivante, reflétant chaque crainte ou éclat d’espoir qui filait dans le regard de Noah, mimant parfois les gestes de Xiluk, puis s’arrêtant pour dessiner sur la paroi des étoiles imaginaires.

La navette s’embruma bientôt d’une lumière dorée : ils avaient franchi le seuil du champ. Au dehors, l’espace se peuplait de milliers de roches suspendues, oscillant selon des modèles étrangement réguliers. Parfois, les astéroïdes tournaient sur eux-mêmes puis, par effet d’illusion ou pure magie, s’alignaient en spirale ou formaient ensemble d’immenses têtes sculptées — museaux, bouches ouvertes, yeux d’ambre. Certains semblaient leur adresser un clin d’œil ou une grimace monumentale.

— « C’est… comme entrer dans un rêve dessiné par un enfant fou ! » murmura Noah, un mélange de crainte et d’émerveillement dans la voix.

Xiluk acquiesça, ses antennes frémissant :
— « Ici, les lois changent selon leur humeur. Et crois-moi, ils sont facilement susceptibles ! Mais si nous suivons la cartographie que tu as inventée avec la broche OSE, il y a peut-être une logique — ou des pièges que seule l’audace saura déverrouiller. »

Soudain, l’Ombre, d’un ton plus grave :
— « Ce territoire conserve bien plus que des rochers errants. Les anciens voyageurs racontent qu’une part de leur histoire reste prisonnière ici. Si tu regardes trop longtemps certains astéroïdes, tu peux voir remonter des souvenirs, pas forcément les tiens… »

Noah sentit un frisson. Il balaya la vue du cockpit, tentant de repérer une trajectoire sûre, mais déjà, une série d’étranges symboles lumineux flottaient entre les rochers : une marelle stellaire, une porte dessinée à la craie de lumière, puis un ensemble de constellations qui se recomposaient sans cesse.

« Ça commence, » souffla l’Ombre. « Ce sont les énigmes du labyrinthe. »

À cet instant, la navette fut cernée par une ronde de cinq astéroïdes. Sur chacun se grava, à la surface, un motif brillant — tantôt une étoile, tantôt une note de musique, tantôt un étrange labyrinthe.

Une voix résonna soudain dans le vaisseau, caverneuse et éparpillée, semblant venir à la fois de la roche et du fond du casque de Noah :

— « Pour franchir la première porte, retenez la danse des figures. Œil ouvert, la trajectoire s’efface. Œil fermé, le passage s’ouvre. Où osez-vous poser la confiance ? »

Noah eut un souffle tremblant :
— « Il faut fermer les yeux pour avancer ? Mais comment piloter à l’aveugle au milieu de tout ça ? »

Xiluk esquissa un sourire un brin fébrile :
— « Ah, navigation à l’intuition. Pas ma spécialité… mais on doit essayer ! »

Noah inspira profondément, posa sa main sur celle de Xiluk qu’il guida sur la manette principale, tandis que l’Ombre entremêlait ses doigts vaporeux dans sa main gauche. Un, deux, trois… les trois fermèrent les yeux à l’unisson. La navette vacilla, les capteurs s’affolèrent — puis, d’un coup, plus rien : pas un choc, pas un bruit. Juste une sensation de glisser, sans masse, à travers une faille invisible dans la ceinture d’astéroïdes. Quand ils rouvrirent les paupières, la perspective avait changé : derrière eux, la marelle des roches s’était muée en sentier paisible, et devant, un nouvel essaim leur barrait la route…

Mais cette fois, quelque chose tourbillonna dans l’air du cockpit. Des filaments holographiques s’animèrent, recomposant un décor familier à Noah : un jardin, l’ombre d’un grand cerisier, et une voix — la sienne, plus jeune, qui riait aux éclats auprès de sa sœur. Une image en relief montrait deux enfants bâtissant une fusée en carton, sous un ciel de cerfs-volants multicolores. Une émotion brûlante serra la gorge de Noah.

L’Ombre chuchota, empreinte d’une tendresse inédite :
— « Parfois, le champ te demande de visiter un souvenir pour récupérer la lumière qu’il a volée… Ose entrer, mais ne perds pas qui tu étais. »

Noah tendit les mains. Elles traversèrent l’image. Subitement, il se retrouva debout dans la scène projetée, ressentant sous ses pieds l’herbe fraîche et le frémissement du vent sur le carton abîmé de leur fusée. Il voulut appeler sa sœur, la prévenir de ne pas trop croire à leurs plans grandioses… mais la voix de la petite disparut, remplacée par un souffle d’encouragement :

— « Ose rêver plus loin, Noah. Le courage, c’est d’imaginer même quand tout semble improbable. »

Le souvenir se dissipa doucement, et Noah sentit la broche OSE sur sa combinaison briller d’une intensité nouvelle. Revenu dans la navette, il comprit que c’était son propre souvenir — refoulé par la peur de l’échec — que l’astéroïde venait d’extraire pour lui rendre.

Dans la foulée, Xiluk eut droit à son épreuve. L’un des gros rochers se fendit pour révéler une niche, dans laquelle flottait un de ses gadgets favoris : un « Flipperon Réducteur Universel », indispensable pour bricoler ou s’évader de carcans trop étroits. Une inscription se grava, flottante :

« Pour progresser, il faut parfois lâcher ce qui rassure. Sacrifie ton trésor, gagne le passage. »

Xiluk blêmit, raclant des pieds :
— « C’est mon tout premier gadget… Je l’ai toujours depuis l’Académie des Esprits Têtus… »

Mais Noah posa une main sur son épaule, l’œil brillé de connivence et de gratitude :
— « On peut le retrouver un jour. Mais ici, on ne peut franchir certains seuils qu’en se dépassant soi-même. »

Xiluk, la tête basse mais le port fier, déposa la babiole dans la niche gravitationnelle. Le rocher s’ouvrit alors, révélant un passage lumineux.

À chaque étape, la navette était malmenée : des lames d’énergie traversaient la trajectoire, des visages d’astéroïde tournaient, tantôt moqueurs, tantôt compatissants, et des pièges de brume tentaient d’aspirer leur confiance. L’Ombre, quant à elle, effleurait chaque risque, se fondant en silhouettes changeantes, faisant écran entre Noah et les illusions les plus fourbes.

Un craquement gigantesque retentit bientôt. Devant eux, la plus grosse des roches s’entrouvrit, laissant jaillir une nuée vaporeuse. Du centre, naquit une silhouette immense, drapée de volutes irisées, ses yeux multiples flottant dans une couronne d’éclairs miniatures : le Berger des nuages.

Sa voix n’était plus seulement un souffle, mais un ouragan de murmures et de chants anciens :

— « Vous franchissez les seuils sans craindre la perte ni l’oubli… Mais jusqu’où peut-on aller, quand l’imagination court plus vite que les ombres ? »

La navette se mit soudain à tanguer, prise dans d’invisibles filets.

Noah, galvanisé par ses souvenirs retrouvés et la solidarité naissante de son trio, se redressa :
— « Jusqu’où veut bien aller celui qui n’a pas peur de se perdre pour mieux se retrouver. Nous n’avons ni schéma, ni certitude. Mais nous avançons ensemble, en inventant l’issue. »

L’Ombre, chair de lumière frémissante, éclata de mille silhouettes : tour à tour guide, protectrice, éclaireuse. Xiluk tendit ses deux bras libres, manipulant la manette pour s’aligner vers la dernière faille temporelle qu’ils entrevoyaient.

Un dernier obstacle se dressa : une brume noire qui cachait la sortie, impossible à dissiper par la lumière ou les senseurs. Noah eut alors une intuition : il ferma les yeux, imagina simplement le chemin, comme il le faisait enfant, dans la fusée en carton… et chuchota à ses amis d’en faire autant.

Ils glissèrent comme un seul être, la navette vibrant d’une force nouvelle et confiante. Quand ils rouvrirent les yeux, ils avaient franchi la barrière, et devant eux s’élevait le mythique Pont des Ombres : un arc colossal traversant le néant, promesse d’une nouvelle aventure…

Derrière eux, la voix du Berger des nuages les suivit, plus douce, comme lessivée par le courage et l’imagination qu’ils avaient semés dans le champ d’astéroïdes :

— « N’oubliez pas, voyageurs. Seuls ceux qui dansent avec leurs ombres rallument les lumières de demain. »

Sur les combinaisons, sur la coque et même dans la main de l’Ombre, de petites lueurs couleur rêve brillaient : autant de fragments de souvenirs, d’audace, et de liens tissés dans la tempête.

Leur navette amorça la descente vers le Pont, cœur animé d’une bravoure nouvelle. Noah savait à présent que, si le chemin des astéroïdes semblait impitoyable, aucun ciel n’était inaccessible à ceux qui osaient inventer leur passage.



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