Histoires pour enfants

Arthur et la Salle Interdite du Manoir Halliwell

Histoires pour enfants

Arthur, un jeune détective passionné et débrouillard, s’introduit dans le mystérieux manoir Halliwell, guidé par un chat sage. Ensemble, ils affrontent les énigmes troublantes d’un Résolveur d’énigmes spectral et s’allient à un énigmatique Gardien pour espérer déverrouiller une salle secrète défendue par des pièges anciens et des illusions. Mais, dans les couloirs sombres du manoir, chaque découverte soulève de nouvelles questions…
Arthur et la Salle Interdite du Manoir Halliwell

Chapitre 2 : Les Épreuves du Résolveur d’énigmes

Chapitre 2 : La Bibliothèque des Mémoires et le Salon des Reflets

Le couloir semblait se prolonger à l’infini ; ses boiseries râpeuses exhalaient de vieux parfums d’encre, de cire et de secrets mal tus. Esprit avançait à pas feutrés juste devant Arthur, sa silhouette élégante toujours auréolée de ce quelque chose d’irréel, à la fois rassurant et déroutant. À mesure qu’ils approchaient, un murmure de plus en plus distinct résonnait à travers les murs, comme le froissement de milliers de pages griffonnées en plein sommeil.

Soudain, Esprit s’arrêta net.

— Nous y sommes. La première épreuve n’a pas de gardien farouche ou d’épée à tirer, lança-t-il en agitant la queue d’un air conspirateur, elle réclame juste de savoir écouter au bon endroit… sans trop se perdre dans les souvenirs des autres.

Arthur déglutit et poussa la lourde porte de chêne, sculptée de motifs tourbillonnants. La Bibliothèque des Mémoires s’ouvrait sur des rayonnages vertigineux, grimés par des balafres d’oubli et colonisés par des livres vénérables aux dos usés. Un chandelier s’alluma tout seul au-dessus d’eux, projetant sur les murs tremblants une lumière trouble, parcourue de reflets mordorés. Mais c’était surtout l’agitation étrange des livres eux-mêmes qui retint l’attention d’Arthur : certains tombaient à terre, d’autres frémissaient, des titres changeaient sous la poussière ; et de microscopiques voix susurraient au vent des bribes d’histoires interrompues.

Esprit grimpa d’un bond sur l’un des lutrins.

— Chaque livre ici raconte un morceau de vérité… ou parfois un petit mensonge, selon le caprice du manoir. Si tu écoutes bien, Arthur, tu comprendras comment tout a commencé. Mais attention : une seule clef te sera offerte, à condition de retrouver le fil authentique du passé.

Arthur promena sa lampe sur une coiffe de volumes branlants, dont le cuir fendu révélait des initiales à demi effacées. Il tendit l’oreille, hésitant ; des extraits flottaient dans la pénombre :

« ...maudis ce jour où le jeune Cédric fut chassé... »
« ...le miroir brisé ne fut jamais réparé... »
« ...quand la plume trembla entre les deux frères... »

— Tout le monde se regarde de travers, ici, marmonna Arthur, grattant son carnet. Qui était Cédric ? À quel sujet les frères se disputaient-ils ?

Esprit tapota du museau un ouvrage posé en équilibre instable.

— Rappelle-toi ce que tu sais déjà : ici, chaque objet, chaque souvenir a soif qu’on reconnaisse sa peine. Commence donc avec la tristesse la plus tenace.

Arthur s’approcha d’un livre relié de bleu dont la tranche portait le mot « Promesse ». Il l’ouvrit : une page se mit à tournoyer d’elle-même, projetant sous ses yeux l’image floue de deux enfants riant près d’un buisson de roses.

Mais une silhouette plus grande, sombre, venait interrompre la scène ; la voix d’un homme éclatait, froide :

— Assez ! Cet héritage ne se partage pas. Celui qui franchira la porte sans pardon n’aura plus jamais de foyer !

Arthur comprit : les propriétaires du manoir étaient frères, séparés par une dispute aussi banale que dévastatrice. Ils s’étaient déchirés pour un vieux grimoire, ou peut-être une simple question de fierté...

Un livre voisin s’éveilla à son tour, projetant en filigrane le visage d’un chaton – incroyablement semblable à Esprit – blotti dans les bras d’un garçon aux yeux tristes.

— Tant de promesses non tenues, chuchota alors Esprit, soudain moins léger. Les cœurs qui n’osent demander pardon aiment s’inventer des prisons...

— Voilà le malheur du manoir ! s’exclama Arthur, fébrile. Si le pardon est la clef, alors…

À ce moment précis, un des ouvrages tomba du haut d’une étagère et s’ouvrit sur une cavité secrète : une clef de bronze en jaillit avec un tintement métallique.

Arthur la saisit, le cœur battant.

Tout à coup, la lumière vacilla. Les livres s’éteignirent, et un souffle glacé s’engouffra, entraînant la pièce entière dans un brouillard d’ombres mouvantes. Arthur eut à peine le temps de crier, Esprit sur ses talons, que le sol disparut sous eux.

Ils atterrirent brutalement dans une vaste pièce aux miroirs innombrables : le Salon des Reflets. Ici, pas un recoin sans un éclat de verre poli, pas un angle sans une doublure d’illusions trompeuses.

Cette fois, ce fut la voix du Résolveur d’énigmes qui résonna, solennelle et capricieuse :

— Félicitations, jeune Arthur… mais l’histoire n’est jamais qu’un prisme. Peux-tu regarder en face tes propres peurs, et décider si oui ou non, elles ont raison de t’entraver ?

Apparaissant dans les miroirs, de multiples reflets d’Arthur surgirent – l’un tremblant, l’autre en colère, un autre encore figé par le doute.

— Et si l’aventure échouait ? Et si tu te perdais, toi aussi, dans les chagrins du passé ? Tu n’es qu’un enfant, et ce manoir n’a pas soif de héros, mais de vérités…

Arthur sentit la panique monter, le souffle court. Il tenta de faire abstraction, mais la pièce ricana : les reflets se firent moqueurs, certains mémoires dansaient derrière le verre, lui rappelant ses défaites, ses hésitations, ses peurs cachées d’enfant différent.

— Chuut, souffla alors Esprit, dont la voix douce et moqueuse fendit l’air d’un apaisement inattendu. Il faut apprendre à écouter son reflet, mais iIl ne faut jamais lui laisser le dernier mot. Les vrais explorateurs doutent… et avancent malgré tout.

Arthur ferma les yeux. Il se souvint de son carnet, de l’excitation qui l’animait, de la joie d’avoir déjà révélé un pan du passé du manoir. Il ouvrit les yeux, fixa ses reflets, et les salua calmement.

— Oui, j’ai peur. Mais c’est justement pour cela que je continue.

À mesure qu’il reprenait confiance, les miroirs cessaient de vibrer, les reflets s’évaporaient. L’un d’eux, le plus semblable, s’inclina et laissa tomber une petite clef sombre dans la paume d’Arthur : la deuxième clé du chemin.

Un tourbillon de lumière les enveloppa aussitôt, et les projeta à nouveau dans les couloirs familiers du manoir. Esprit paraissait soulagé.

— Voilà qui n’était pas rien, grogna-t-il en s’étirant. Ce manoir sait comment sonder une âme…

Arthur, d’un geste plus assuré que jamais, fit glisser les clés dans sa poche. Mais au bout du couloir, un homme apparut – silhouette amaigrie, capuche basse, yeux d’un bleu perçant. Il tenait dans ses mains gantées un sceptre torsadé d’argent et d’onyx, comme s’il était lui-même un monument rescapé des siècles.

— Je suis le Gardien des reliques, déclama-t-il d’une voix profonde. Beaucoup sont venus ici, peu ont su voir que chaque choix façonne le destin des lieux autant que celui de ceux qui s’y aventurent.

Il posa sur Arthur un regard qui pesa tout le savoir du monde.

— La dernière épreuve t’attend. Et à chaque décision, souviens-toi : le futur n’est qu’un livre à moitié écrit.

Arthur, le cœur palpitant, jeta un dernier regard à Esprit. Plus qu’une épreuve, mais la plus périlleuse : celle où chaque action compte. La suite, il le savait désormais, ne se jouerait pas seulement dans l’ombre du passé, mais à la lumière, fragile et précieuse, de ses propres choix.



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