
Chapitre 3: Les Illusions du Magicien
À mesure qu'ils progressaient, les ténèbres cédèrent la place à un éclat glacé et irréel. Devant Lyam, Azraël et Moloch s'étendait un dédale de miroirs cristallins et de mirages dansants, défiant les lois mêmes de la perception. Chaque reflet semblait se railler de leur orientation, les confrontant à des versions d'eux-mêmes qu'ils n'avaient jamais envisagées.
Lyam fit un pas, et immédiatement, son reflet prit vie, le regardant avec intensité. Un autre Lyam, tout aussi intrigué mais visiblement troublé, lui souriait d'un sourire énigmatique. "Qui es-tu pour défier les illusions du temps ?" demanda le reflet en une chorale de voix, mêlant celle du magicien à celle du vent.
Un frisson parcourut l'échine de Lyam. Il réalisa que le magicien orchestrait ces illusions, amplifiant leurs craintes personnelles. "Nous devons rester unis," murmura-t-il à ses compagnons, sentant l'imminence des pièges mentaux qu'ils devaient surmonter.
Azraël, plus sévère sous l'éclat prismatique, scruta les symboles runiques flottant tel des fantômes lumineux. "Je perçois dans ces miroirs une ancienne magie," murmura-t-il, touchant délicatement une surface miroitante. "Laissons nos esprits s'accorder pour déchiffrer le vrai du faux."
Le mammouth Moloch avançait à pas lourds, s'efforçant de percevoir les distorsions de leur environnement. "Les miroirs ne sont qu'un terrain de jeu pour les incertitudes," résonna sa voix sereine dans leurs esprits. "Suivons la solidité de nos cœurs, elle nous mènera à la vérité."
Lyam, déterminé à percer les illusions, ferma un instant les yeux, cherchant à discerner la véritable empreinte du temps parmi les reflets. Il inspira profondément, se réappropriant son propre courage à travers chaque inspiration et expiration contrôlée.
Soudain, le décor se mit à onduler, un labyrinthe mouvant de murs miroités s'élevant et se modifiant au gré des courants d'air. Comment distinguer le chemin tangible de son ombre ? Lyam y vit une clé : se fier à son instinct, ne pas céder à la tentation confuse de tout comprendre, mais ressentir avec le cœur.
"Instinct et instinctif," murmura-t-il. Le déplacement d'air révéla un passage secret, dissimulé entre deux miroirs emboîtés, qui reflétait une lumière inhabituelle et étrangère. Il s'avança, Azraël et Moloch à ses côtés, confidants de l'unité redécouverte.
Pourtant, les illusions persistèrent, chacune poussant Lyam à affronter des aspects de lui-même qu'il avait refoulés. Dans une salle où le ciel semblait tantôt un océan inversé, tantôt un désert aride, il se retrouva face à face avec ses doutes les plus profonds, ces questions suspendues au-dessus de son esprit comme des épées prêtes à fondre.
Azraël, sentant l'angoisse de son ami, prononça les mots réconfortants des anciens rites elfiques, des mélodies tissant douceur et force. Les runes gravèrent les airs, formant un filet de protection, une harpe éthérée apaisant les ondulations temporelles.
Moloch, par sa simple présence, devint un ancrage de calme et de confiance. Il plaça une patte protectrice autour de Lyam, dissipant lentement la brume des incertitudes. "La lumière persévérante de l'amitié," déclara-t-il gravement, "est la force qui transcende toute magie noire."
Ainsi renforcés, ils parvinrent à percer les derniers feux d'artifices visionnaires. Le chemin se dégagea enfin, dévoilant une arche ciselée d'or et d'azur qui semblait aspirer toute lumière autour d'elle pour la refléter sous une forme plus pure.
Devant cette dernière étape, Lyam sourit. Ils avaient traversé les épreuves du miroir non pas en conquérant leurs peurs, mais en les acceptant et les dépassant par la force de leur unité. Le magicien, invisible mais jamais lointain, avait échoué à ébranler leur résolution.
Main dans la main, en esprit comme en réalité, le trio franchit l'arche, prêt à affronter la chambre de la Grande Sagesse. Leurs pas résonnaient comme une promesse d'amitié sincère réfractant chaque épreuve à venir en autant de possibilités d'apprendre et de grandir ensemble.