Chapitre 3: L'Épreuve du Collectionneur d'Étoiles
Chapitre 3 : La Clairière des Étoiles Silencieuses
Tandis que Mia et Torm s’avançaient prudemment, les échos cristallins s’estompaient, remplacés par un silence presque irréel. Soudain, le sol pavé fit place à une herbe souple et fraîche, d’un vert échappé d’un rêve. De hauts arbres couronnés de feuilles argentées limitaient une clairière insolite : partout autour d’eux, flottant dans l’air comme suspendues entre deux battements de cœur, des étoiles figées brillaient d’un éclat doux, leurs lumières comme endormies…
Torm posa un genou à terre, émerveillé :
— Jamais je n’aurais cru voir tant d’étoiles si proches de nous, murmura-t-il. C’est comme si le ciel tout entier était venu s’enraciner ici…
Mia sentit pulseur au creux de sa poitrine. C’était bien plus impressionnant qu’aucun grimoire ne pouvait le décrire. Au centre de la clairière, assis sur une racine enroulée telle un trône végétal, se tenait un individu étroit et élancé, vêtu d'habits constellés de paillettes dorées. Une cape nocturne flottait autour de ses épaules, brodée de galaxies filigranées. Ses yeux, changeants du bleu nuit à l'or étincelant, pétillaient d’une intelligence inquiète.
— Approchez-vous, voyageurs, dit-il d’une voix musicalement rauque.
Mia s’inclina respectueusement, Torm posa une main sur sa poitrine en guise de salutation.
— Soyez les bienvenus dans mon havre éteint. Je suis Lyos, le Collectionneur d’étoiles, protecteur des constellations disparues et ami des histoires inachevées.
Lyos fit tournoyer une petite boîte taillée dans une pierre météoritique entre ses doigts fins. Le couvercle était ciselé de symboles célestes si minuscules qu’ils semblaient respirer.
Torm, écarquillant les yeux, laissa échapper un petit rire gêné :
— Un Collectionneur d’étoiles… J’aurais parié une montagne d’émeraudes que tu n’existais que dans les chansons anciennes !
— Bien des légendes ont un souffle de vérité, répondit Lyos en souriant. Mais vous n’êtes pas ici pour écouter des balades… Dites-moi— savez-vous lire le langage du ciel ?
Mia se redressa, déterminée. Sa confiance, née des premières épreuves, brillait plus fort à chaque étape franchie.
— Nous sommes ici pour atteindre la bibliothèque interdite. Pour cela, il nous faut votre aide… ou votre épreuve, n’est-ce pas ?
La boîte étoilée de Lyos crépita, projetant de minuscules lumières qui virevoltaient autour d’eux. Le Collectionneur les observa, le regard soudain grave.
— Plus d’un sont passés ici en quête de savoir, déclara-t-il. Mais seule la créativité alliée à la sagesse peut raviver les étoiles endormies. Pour ouvrir le passage, il vous faudra résoudre la constellation perdue— celle qui n’a jamais su où briller.
Il posa la boîte à leurs pieds. Sept alvéoles transparentes y brillaient faiblement, chacune attendant l’éclat d’une étoile.
— Racontez-moi l’histoire du ciel, puis rallumez sa mémoire. Trouvez la disposition exacte, sud faites revivre la constellation de la Bravoure Oubliée.
Torm se gratta la tête, embarrassé :
— Je ne connais que la Grande Oie du Nord…
Mia attrapa délicatement la boîte, émerveillée par sa légèreté. Elle observa les étoiles flottantes autour d’eux—chacune pulsait d’une couleur unique, peut-être une note de leur identité perdue.
Elle ferma les yeux, se souvenant des longues nuits passées avec sa grand-mère à écouter les légendes du ciel. Puis, à voix basse :
— Grand-mère disait que chaque étoile est un souvenir, une preuve du courage de ceux qui n’ont jamais renoncé. Peut-être devons-nous demander à ces souvenirs la permission de briller à nouveau…
Elle s’adressa alors aux étoiles :
— Si votre lumière a été oubliée, montrez-nous où elle doit retrouver son éclat.
Un souffle tiède parcourut la clairière. Torm, inspiré par le courage de Mia, joignit ses mains.
— Pourquoi ne pas essayer de raconter ensemble leur histoire ? proposa-t-il timidement. Mia, tu parles, et moi, je place les étoiles où ton récit m’inspire !
Mia sourit, touchée par la sincérité de son ami géant.
— C’est une excellente idée, Torm !
Ensemble, ils débutèrent la reconstitution de la constellation :
— Il y avait une étoile, la Détermination, qui n’abandonnait jamais, dit Mia. Place-la en haut.
Torm fit glisser un globe lumineux dans l’alvéole supérieure.
— À gauche, l’Espoir, qui veille même dans la nuit la plus sombre.
Les étoiles dansaient timidement, comme réchauffées par leurs mots.
— Ici, ajouta Torm, la Fidélité, juste à côté de la Détermination, car elles cheminent toujours ensemble !
Guidés par le récit et le ressenti, constellations et souvenirs se remirent à pulser. À chaque étoile placée, la boîte vibrait plus fort.
Mia et Torm turent tour à tour Humilité, Courage, et enfin Nouvelle Chance. Lorsqu’ils placèrent la dernière, la boîte irradia d’une lumière éclatante et s’ouvrit lentement.
Lyos battit des mains, visiblement ravi :
— Quelle harmonie ! Vous avez compris que le ciel n’est jamais qu’une somme de solitudes—c’est l’union, le récit partagé, la bravoure collective qui allume ses feux éternels.
Il s’inclina, puis fit briller sa cape : la clairière trembla, et en son centre s’ouvrit un escalier de pierre descendante, envahi de racines douces illuminées par de minuscules filaments argentés.
— Voici le passage sépulcral, menant à la bibliothèque, confia Lyos, le regard pétillant de fierté. Mais souvenez-vous : dans les ténèbres, même l’étoile la plus timide peut devenir guide pour ses compagnons.
Torm inclina la tête, profondément ému.
— Nous n’oublierons jamais ta leçon, Collectionneur.
Avant de partir, Lyos leur offrit une minuscule étoile fluorescente, les chargeant d’en veiller l’éclat dans les prochains défis.
Alors que Mia et Torm foulaient les marches anciennes, la magie de leur amitié nimbait leurs pas d’une assurance nouvelle. Au-dessus d’eux, les étoiles de la clairière brillaient désormais d’une lumière retrouvée, tandis que, dans les profondeurs, un souffle glacial promettait la confrontation ultime avec le Gardien ancien.
Leur courage renforcé, la constellation de la Bravoure Oubliée scintilla en eux. La prochaine porte n’attendait qu’eux, au cœur même du vestige oublié où l’histoire allait se jouer…