
Jenna était une petite fille au regard pétillant, une apprentie sorcière timide mais incroyablement courageuse. Chaque soir, elle refermait la porte de sa chambre comme on fermait un livre plein de mystères. Sa pièce était son univers : sur le lit, un ours en peluche nommé Barnabé veillait. Barnabé n’était pas un ours ordinaire. Avec sa fourrure douce et immaculée, il avait le rôle de gardien sage et protecteur. Quand Jenna se sentait seule ou hésitante à l’idée d’essayer un nouveau sort, Barnabé posait sa patte sur sa main et l’encourageait en silence.
Un après-midi, alors que le soleil filtrait à travers les rideaux fleuris, Jenna trouva dans un petit coffret ancien un grimoire aux couvertures de velours vert. Sur la première page, une invitation dorée disait : “Pour la magie qui dort en ton cœur, découvrir ton talent, il te faudra apprendre.” Ses yeux s’agrandirent de surprise et d’excitation. Elle serra le grimoire contre elle et chuchota : “Je vais devenir une grande sorcière, Barnabé, tu verras !”
Barnabé hocha la tête avec sérieux. Il aimait voir Jenna rêver grand.
Mais avant même que Jenna n’ouvre le livre, la pièce s’assombrit, et un rayon de lumière éclatante traversa la fenêtre. Une silhouette dorée apparut dans le reflet de la glace : c’était le Chevalier du Soleil, une figure légendaire que seuls les apprentis courageux avaient le droit de rencontrer. Sa lourde armure brillait comme un astre, et dans sa voix résonnait une autorité douce : “Je veille à l’équilibre de la magie. Pour trouver ton talent, tu devras accomplir une épreuve. Sauras-tu faire apparaître ton premier sort sans peur ni hésitation ?”
Jenna sentit son cœur tambouriner dans sa poitrine. Jamais elle n’avait parlé à un chevalier légendaire ! Et si elle échouait ?
Mais à sa droite, Barnabé se dressa, comme animé d’une énergie nouvelle. En silence, il lui montra de sa patte le grimoire ouvert sur la page d’un enchantement simple : “Lueur d’Étoile.”
— Il dit que je peux y arriver, murmura Jenna.
— Exactement, répondit une petite voix, aussi douce qu’un souffle de vent.
Jenna réalisa soudain que le grimoire vibrait et murmurait, comme vivant. Elle prit une grande inspiration, se redressa et ouvrit les deux mains au-dessus du livre.
— Par la lumière de mon cœur, fais briller ta lueur,
— ajouta t-elle d’une voix claire, prête à être entendue.
Un petit scintillement blanc apparut au creux de ses paumes. Éblouie, Jenna cligna des yeux, et devant elle, la lumière s’éleva comme une petite étoile dansant dans la chambre.
Le Chevalier du Soleil posa sa lourde main gantée sur son épaule.
— Courageux apprentissage, petite sorcière. Ta première magie est née de ta confiance.
Jenna sentit ses joues s’empourprer de fierté. Barnabé bondit d’un coup et enlaça chaleureux la cuisse de la petite fille.
— Maintenant, poursuivra le chevalier, il te faut maîtriser la direction de ta lueur pour révéler un trésor caché dans ces murs. À toi de jouer !
Jenna savait que le trésor se trouvait dans un endroit secret de sa chambre. Peut-être derrière le rideau, ou sous le tapis moelleux. Elle déplaça d’abord sa lampe de nuit, puis un petit tabouret, en suivant l’éclat de la magie.
Avec minutie, elle lançait son sort : doucement, sa lumière décrivait des arabesques et trouva bientôt un couvercle de bois fin sous le lit. Jenna le souleva avec enthousiasme, révélant un écrin miniature. À l’intérieur, sous un coussin de velours, une petite pierre translucide respirait d’une lueur pâle.
— La Pierre de Lune ! chuchota Jenna, les yeux brillants.
Cette pierre était légendaire dans le monde des sorcières : elle servait à apprendre la concentration. Si l’on gardait son regard fixé dessus sans détourner le regard, on pouvait réussir des sorts bien plus complexes. Jenna la tint délicatement entre ses doigts. La pierre pulsait doucement et la lumière de son sort d’hier s’y refléta, arc-boutée dans un nuage d’argent.
— Tu as trouvé ton trésor, et ce trésor est autant un miroir qu’une clé, dit le chevalier avec respect.
Puis, sous un chuchotement de feuilles imaginaires, il disparut dans un rayon de couleur chaude.
Barnabé se percha sur l’épaule de Jenna et miaula joyeusement, comme un chat invisible.
Pendant plusieurs jours, Jenna s’entraîna. Chaque matin, avant de ranger son pyjama, elle sortait la Pierre de Lune et tentait un petit sort. Parfois, sa lueur se tournait en spirale, parfois en goutte d’eau, et à chaque échec, elle reprenait son souffle, motivée par Barnabé qui lui faisait un clin d’œil complice.
Un soir, alors qu’elle s’apprêtait à tester un sort pour faire pousser de petits papillons étoilés, la lueur s’échappa et s’envola dans le ciel peint de sa chambre. Les papillons scintillèrent partout, voletant entre les livres, les jouets et les posters. La pièce toute entière ressembla à une nuit minuscule, peuplée de petites lumières frémissantes.
Jenna éclata de rire, émerveillée. Jamais elle n’aurait cru pouvoir créer un tel enchantement.
— Tu es devenue une vraie sorcière, lui dit Barnabé en posant sa patte délicate sur la tablette d’ivoire qui servait de bureau.
— Et tout ça grâce à toi, répondit Jenna en caressant sa peluche.
Dans son cœur, elle sentit grandir une certitude tranquille : la magie n’était pas seulement dans les grimoires, mais dans la confiance en soi et dans la complicité des amis.
Le lendemain, elle rangea soigneusement la Pierre de Lune dans son coffret, à côté du grimoire. À chacun son endroit. Elle sut qu’elle pourrait y revenir chaque fois qu’elle douterait.
Et c’est ainsi que se termine l’incroyable aventure de Jenna, apprentie sorcière, qui apprit sa première magie avec le soutien de Barnabé, son ours en peluche, et la bienveillance d’un mystérieux Chevalier du Soleil. Grâce à sa détermination, elle découvrit que le plus grand trésor n’est pas seulement une pierre magique, mais l’éclat qui brille en chacun quand on ose croire en soi.
(Et chaque matin, Jenna souriait à son reflet dans le miroir magique de sa commode avant de commencer sa leçon de magie.)